Avant-propos
Quelle famille ! Plusieurs générations de la famille Dubois produisirent une diversité de décors de céramiques
aussi intrigantes, qu’expressives.
L’histoire de cette famille, appartient maintenant au patrimoine montois malgré une énigmatique discrétion parmi
la population de cette ville, chef-lieu du Hainaut. La contribution à l’Art montois au travers du Pôle Muséum
est aussi réduite que les archives que nous avons pu récolter.
A la rédaction de ce bref résumé historique, nous nous sentons frustrés de ne point vous transmettre par des
archives (et par des dessins), toute la richesse des décors, des modèles et de leur originalité (équivalente à
celle de Thulin) ainsi créés. Nous sommes encore en quête d’un inventaire précis de ce patrimoine. Nous ne
manquerons pas de le compléter au fur et à mesures de nos recherches.
En cette période de l’art déco (l’entre-deux guerre) qui succède à l’art nouveau (très exubérant), les modèles
se sont stylisés. Les formes géométriques se sont épurées pour en devenir rigides et parfois hypothétiques. Ce
qui laissera libre court à l’imagination du lecteur.
Malgré une exportation importante et un rayonnement qui
dépasse les limites de l’Europe, peu d’archives subsistes de ces échanges économiques.
L’usine a complètement disparue remplacée par d’autres sociétés sur son site (la dernière entreprise étant
Wattiau). Un vestige subsiste actuellement qui a parcouru un siècle d’histoire pour nous signaler qu’en cette
place une faïencerie existait.
Actuellement des appartements sont en cours de construction sur les parcelles arrières de l’ex société A. Dubois
(dans l’avenue des Bassins).
La généalogie de la famille Dubois
La famille Dubois, François-Alexandre DUBOIS (né Baudour 17/2/1838 - décède en 1920) le père et son fils Antoine
(né à Ghlin le 13/9/1869- décède à Anderlecht le 13/11/ 1949) sont des peintres sur faïence réputés.
François-Alexandre sera peintre, chef décorateur à la faïencerie Mouzin de Wasmuël (de 1882 à 1892) puis
fondateur de la faïencerie de Saint Ghislain avec Emile Lombard (de 1892 à 1909).
Antoine travaillera avec son père à Saint Ghislain de 1892 à 1909.
François Dubois sera médaillés de nombreuses fois aux expositions et concours divers.
Nous ne connaissons pas les raisons du départ de ces deux hommes pour Anderlecht mais il est certain que leurs
expériences professionnelles permirent de fonder une entreprise familiale.
Le frère d’Antoine : Georges François Florent (né à Baudour le 30/4/1880, décédé) industriel, partit avec eux et
est nommé céramiste à Anderlecht.
Ils s’installèrent à Anderlecht en 1909 (rue Paepsem n°109), pour y créer une faïencerie malheureusement
détruite complètement par le feu en 1917.
Le décès de l’épouse de François- Alexandre : Madame Félicité Nisol-Dubois en 1917 et la présence du reste de la
famille à Mons, les faits revenir à Mons dans une demeure qui appartenait à Mme Nisol. Une grande maison
familiale qui se trouvait à « la porte du parc » avenue des canadiens.
En 1918, Antoine DUBOIS, décide de construire une faïencerie à front de l’avenue des Canadiens au numéro 17
(actuellement avenue de l’Université) juste avant le pont de Ghlin à Mons. Elle se prolongeait dans l’avenue des
Bassins, et le chemin de halage du canal (Rive droite du Canal du Centre). En tout 34 ares 48 centiares.
En 1919, Antoine Dubois crée la raison sociale Antoine Dubois et Cie.
Il fonde avec quatre associés et une société dénommée : « Antoine Dubois et Cie » et dépose deux marques au
tribunal du commerce « Mons poterie Belgique » « Mons Pottery Belgium » (marques déposées en 1920). Son Papa
François décède cette année-là.
Le 1er juin 1925, la société change de nom et de statut. Elle devient La Céramique Montoise. A partir de ce
moment la production s’oriente vers des sujets de fantaisies et des craquelés.
La production sera vaste et très éclectique confectionnant des vases, des garnitures de cheminées, des horloges,
des poignées des portes, de la vaisselle, … Cette liste n’est certes pas exhaustive et est surtout alimentée par
des formes très spectaculaires (plus de 900 modèles de différentes tailles sont ainsi recensés).
La faïencerie emploiera jusqu’à une centaine de personnes durant cette période de l’entre-deux guerres.
Les deux fils d’Antoine : François-Jean-Baptiste -Edouard dit Franz (né à Mons le 4/12/1906 décèdera en 1982)
dit Franz représentant commercial et René Eugène Joseph DUBOIS (né le30/12/1907 décèdera à Mons en 1975)
travailleront avec leur père jusqu’en 1947 ; année où Antoine laisse son entreprise à ses deux fils et retourne
à Bruxelles. Il y décèdera le 13/11/1949.
La Céramique Montoise (nom enregistré à partir de 1928 au tribunal de Commerce de Mons) fera de nombreuses
pièces et des décors très reconnaissables. Il affirma un émail matifiant noir très aboutit pour ses faïences
art-deco.
Antoine Dubois va collaborer avec le mouvement des artistes du groupe Nervia et se fera connaître en produisant
les moules en faïences pour ces artistes reconnus.
Le départ d’Antoine et la gestion difficile des années de crises d’avant et d’après-guerre mènera la faïencerie
à la faillite qui sera déclarée en 1955.
Les marques sont nombreuses et donnent souvent le numéro de la forme et le numéro du décor. La signature «
A.Dubois » dans le décor est fait au pinceau avec la couleur de l’émail coordonné. La représentation d’un petit
mont stylisé fait penser à un « terril » ou au « Mont- Mons » et le terme Bergen (Mons en flamand et en
allemand) est souvent présent.
Evolution de la société.
Entre la date de la création (1919) et la fin de l’exploitation de la société (officiellement 1955), plusieurs
développements ont contribué à accroître la production et de surcroît à agrandir son emprise dans le quartier de
la Porte du Parc.
Ci-dessous, une chronologie des phases successives des chantiers entrepris par Mr Antoine Dubois pour la Société
de la Céramique Montoise.
De rares documents photographiques subsistent de cette société. Quelques-unes d’entre elles nous sont parvenues
comme un message d’un passé glorieux disparus et seulement connus des collectionneurs de faïences.
Pour les montois, cette manufacture reste une énigme que nous essayons de ressusciter avec un immense plaisir et
pour seul objectif la préservation d’un patrimoine ancestrale et d’un savoir-faire oublié.