L'Histoire de Nimy

La faïencerie de Nimy a été établie par un Namurois, Dieudonne-Joseph Antoine qui ayant sollicité des magistrats de Mons l'autorisation d'y créer une faïencerie, signe un contrat d'association avec François de Bousies, vicomte de Rouveroy et Bonaventure de Bousies, maire de Mons. Mais le Conseil Royal du gouvernement rejette la demande et Antoine se tourne vers le village de Nimy afin d'y installer sa manufacture a proximité de la Haine et de ses moulins.
En effet, il était indispensable de trouver une force motrice pour actionner les meules destinées au broyage des matières premières de la faÏencerie, or le chapitre de Sainte Waudru possédait à Nimy plusieurs moulins à farine et à huile loués à un Sieur Carlier.
Par un contrat daté du 22 juillet 1789, ce dernier s'engage envers les Frères Bousier à obtenir du chapitre que soit reconstruit, de l'autre côte de la rivière, le moulin à huile et ce "de sorte qu'une roue et un seul arbre tournant feroit jouer le tordoir et la faïencerie en même temps". De plus, il est convenu qu'un bâtiment double sera également construit pour abri­ter l'équipement de la manufacture. Au cours de cette même année, Antoine adresse une requête au gouvernement afin d'obtenir les faveurs dont jouissent habituellement les manufactures qui s'ouvrent dans les Pays-Bas autrichiens et un octroi de Joseph Il confère a la nouvelle faïencerie le titre de "Fabrique Impériale et Royale", l'exempte de droits d'entrée pour les outils et les matières premières ainsi que des droits de sortie et de tonlieu pour tous les produits "moyennant que les pièces sortant de la fabrique soient marquées des lettres initiales de Dieudonné­Joseph Antoine à Nimy". L'année suivante, la faïencerie produit déjà un grand nombre d'objets usuels et un quatrième associé est admis dans l'entreprise, le Baron Procope de Secus. Durant les années 1791 à 1796, la Faïencerie vit de façon précaire jusqu'a ce qu'un accord des associés remette la direction entre les mains de Bonaventure Hyacinthe de Bousies. Celui-ci va se consacrer au développement et a la modernisation de l'entreprise. Il fait construire de nouveaux bâtiments, ouvre des magasins à Bruxelles, Lille et Maubeuge, diversifie la production et introduit la polychromie dans la décoration des pièces fabriquées. Alors que seul le bleu de cobalt avait été utilisé, il étend la gamme des couleurs au jaune, au noir anglais, au vert, au rouge. Il imite le jaspé employé en Angleterre et le jonquille de Douai. Résultat: la fabrication va croissant, les bénéfices augmentent et toutes les dettes sont remboursées.
On agrandit la fabrique et en 1806, elle occupe 24 tourneurs et mouleurs et 17 peintres. De nouveaux fours sont construits. En 1810, Joseph de Bousies meurt et la direction va être assurée par son frère. A ce moment, la manu­facture emploie 250 ouvriers et elle participe à de nombreuses expositions à Gand, Haarlem, Bruxelles. Mais l'exportation massive des faïences anglaises va mettre la faïencerie en péril. En 1833, celle-ci n'occupe plus que 30 à 40 ouvriers. La situation atteint bientôt une telle gravité que Charles-Alexandre de Bousies, fils du vicomte de Rouveroy envisage d'offrir sa manufacture à Eugen von Boch, qui préférera choisir la poterie de Saint Vaast à La Louvière. Malgré de multiples difficultés, la faïencerie parvient à maintenir ses activités jusqu'en 1848. Les associes décident alors d'en confier la gestion à François Declercq, qui possédait une fabrique de porcelaine a Baudour. Finalement, la faïencerie est vendue en 1849 à Jean-Pierre Mouzin, directeur de la faïencerie Keramis à Saint Vaast, à Théophile Lecat maître potier et à d'autres actionnaires pour la somme de 60.000 francs. Une société en commandité est créée sous la raison sociale "Declercq et compagnie" mais elle est dissoute en janvier 1851 et c'est la société"Mouzin-Lecat et Cie" qui gérera dorénavant l'établissement. Celui-ci connaît des lors un regain de prospérité. Du matériel moderne permet de rivaliser avec la concurrence et l'entreprise rachète en 1858 la faïencerie d'Onnaing en France et crée en 1878 la manufacture de Wasmuel. En 1897, l'usine emploie 675 ouvriers et occupe une superficie de plus de cinq hectares.
L'année suivante, la société en commandité devient une société anonyme. Son activité commence à diminuer. En 1914, elle ne compte plus que 410 ouvriers et la guerre accentue sa mauvaise situation car une grande partie des ouvriers sont déportés en Allemagne. En 1921. l'établissement est cédé a la Société céramique de Maëstricht et la seconde guerre mondiale, la fermeture de nombreux marchés étrangers, va lui porter un coup fatal. Elle cesse toute activité en 1950 et les bâtiments sont démolis 4 ans plus tard.
Durant toute la durée de ses activités, l'établissement employa des ouvriers dont la plupart appartenaient à de vieilles familles de faïenciers car a Nimy, on l'était de père en fils. La faïencerie occupait beaucoup de garçons et de filles de 14 a 17 ans que l'on formait au métier et que l'on payait d'ailleurs assez peu. La faïence fine réalise a Nimy se différencie du cailloutage anglais par la dose de craie qui entre dans sa composition. La glaçure généralement plombifère se distingue par sa finesse et sa transparence de la couverture stannifère qui masque les terres colorées utilisées par les faïences françaises. De plus, on a continué a Nimy, à l'exemple de la manufacture des Boch, d'introduire dans la pâte une fritte (mélange de sable et de soude ayant subi un commencement de fusion pour être vitrifié) destinée à la rendre plus solide et plus blanche que la faïence ordinaire. Outre les articles de ménage, la faïencerie fabriquait des flambeaux ornés de figures, des groupes en biscuit "Belgique et Champêtre", des pipes à têtes de femmes et de vieillards, des vases, des bénitiers, des cadrans d'horloge. 11 y avait dans la production, des plats ronds et ovales façon argent, à bord ondulé ou uni, des saladiers de forme ordinaire ou torse du style en vogue au cours des 18éme et 19éme siècle : Rocaille et Neo-classique. Les Décors en camaïeu bleu étaient sobre et le plus souvent empruntés à d'autres établissements célèbres, notamment celui des Septfontaines mais la faïencerie créa également des motifs originaux dont le plus connu est certainement une fleurette formée à gros points, representée seule "au myosotis" dérivé du barbeau de Sevres ou en bouquet "a la fleur de Bruyère". La représentation des personnages n'a joué qu'un rôle limité même si on a essayé un décor où un chinois au grand chapeau et au parasol déployé évolue sur une terrasse fleurie.